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Disparition du Père Ponchaud

Date de publication: 10 février 2025 / Author : ATH Sokren

Le prêtre missionnaire catholique François Ponchaud (Photo Ad Extra-MEP), grand ami du Cambodge et des Cambodgiens, est mort le 17 janvier en Haute-Savoie en France à l’âge de 85 ans. Arrivé dans le royaume en 1965, il fut avec son livre « Cambodge année Zéro » publié en 1977 le premier à alerter l’opinion occidentale sur l’ampleur et l’horreur des crimes commis par le régime de Pol Pot. Il avait été l'un des derniers occidentaux à quitter le Cambodge après la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges en 1975. Son livre a eu un énorme impact en éveillant les consciences sur le génocide cambodgien. Dans « Au-delà des tempêtes cambodgiennes », livre de mémoires paru en 2016, le Dr Hay Ly Eang, arrivé en France quelques jours avant la prise du pouvoir des Polpotistes, lui rendait hommage en soulignant combien les paroles et les écrits de François Ponchaud avaient compté pour les Cambodgiens contraints à l’exil:

« En 1976, je participe à la fondation de l’Union générale des étudiants khmers en France (UNIGEK) dont je suis un temps le président. Nous cherchons à promouvoir l’entraide entre les étudiants cambodgiens et nous aidons les réfugiés en difficulté. Nous ferraillons avec les partisans des Khmers rouges en combattant leur propagande. Ceux-ci, dans les premiers mois qui suivent la chute de Phnom Penh, ont bénéficié du soutien des intellectuels de gauche français pour qui les récits apocalyptiques provenant des réfugiés ayant gagné la frontière thaïlandaise sont une intoxication de l’opinion publique montée par les services de renseignements des pays hostiles à la grande révolution du Kampuchéa démocratique.  Les Khmers rouges n’avaient pas d’autre choix que d’évacuer Phnom Penh, ville pourrie jusqu’à la moelle, entend-on dans les cercles de la gauche française. Je suis abasourdi qu’on traite cet événement, une première dans l’histoire de l’humanité, comme une peccadille. Jean Lacouture sera l’un des seuls à se repentir ensuite de s’être fourvoyé.

J’arrête de lire Le Monde, dont les reportages biaisés sur la situation de mon pays me mettent en colère. Pourquoi ce journal qui représentait pour moi la vérité ne veut pas reconnaître la vérité?  Je ne reviendrai vers ce journal qu’en 1976 lorsqu’il publie deux tribunes signées par le Père François Ponchaud révélant au monde l’ampleur de la tragédie cambodgienne sur la base de témoignages de réfugiés. Son livre, « Cambodge année zéro » , paru dans la foulée, suscite un électrochoc en France et m’apporte un profond réconfort moral. Enfin, nous sommes crus. Merci Père Ponchaud.”